Le 5 mars 2020, le gouvernement albertain publiait leur article de propagande anti réductionnismes des méfaits, The SCS Review Report (Le Rapport SCS de l’Alberta). Je me rappelle comment, lors de la conférence de presse tenue par le sous-ministre Jason Luan pour l’ annonce du rapport, il a déclaré que les sites de consommation supervisée (SCS) et centre de prévention des surdoses (CPS), soutenus par ses propres préjugés, étaient systématiquement chaotiques. Je me souviens de comment le co-directeur du comité de révision des SCS et personnalité télé Geri Bemister-Williams osait prétendre que administration oxygène lors de surdoses dans les sites albertains était ni nécessaire ni sauveuse de vies dans bien des cas. Fier de son coup, le comité signalait ainsi avoir accompli son mandat et pouvait passer à autre chose.’
“Je me souviens de comment le co-directeur du comité de révision des SCS et personnalité télé Geri Bemister-Williams osait prétendre que administration oxygène lors de surdoses dans les sites albertains était ni nécessaire ni sauveuse de vies dans bien des cas.”
Depuis la publication du rapport, le gouvernement albertain a causé la fermeture de ce qui était essentiellement le SCS le plus achalandé de la planète, ARCHES, se servant d’allégations de malversations financières. Pour tourner le fer dans la plaie, ils ont essayé de le remplacer par une unité mobile. Même après que les policiers de Lethbridge aient fait la preuve que ces accusations de malversatione étaient absolument pas fondées, aucun effort ;a encore été fait par le gouvernement provincial pour rétablir le financement de ce service permettant de sauver des vies dans une communauté ravagée par la qualité volatile et toxique de approvisionnement en drogue du marché noir. Le gouvernement albertain a aussi tenté, et échoué dans ses efforts pour faire fermer les cliniques offrant le traitement agoniste opioïdes injectable (ou TAOi) tant à Calgary qu’à Edmonton. Ils sont même allés jusqu’à publier des directives demandant le retrait du terme “réduction des méfaits” de leurs politiques. On nepeut se tromper, c’est intentionnel.
Il est ainsi déplorable que ce rapport soit encore et toujours utilisé pour ternir l’image des services sauveurs de vies en réduction des méfaits en Alberta. Le rapport lui-même a été tellement discrédité et réfuté que des scientifiques de partout au Canada ont écrit une lettre ouverte demandant la rétraction du rapport, citant un manque de validité et de constance. Le docteur Jamie Livingston, criminologue, est allé encore plus loin, en soumettant un article pour publication dans le Harm Reduction Journal soulignant des manquements significatifs dans la méthodologie du rapport. Il est maintenant absolument clair que, malheureusement, le gouvernement de l’Alberta n’a aucune intention d’ordonner la rétraction du rapport. Et pourquoi le ferait-il ? Que ces données soient justes ou erronées, le rapport a servi sa raison. Rien d’autre n’importe à un gouvernement biaisé d’avance et ayant intérêt à laisser mourir les personnes utilisatrices de drogue.
“Que ces données soient justes ou erronées, le rapport a servi sa raison. Rien d’autre n’importe à un gouvernement biaisé d’avance et ayant intérêt à laisser mourir les personnes utilisatrices de drogue.”
Tant pourrait être encore dit sur le Rapport SCS de l’Alberta. Nous pourrions discuter de comment le comité sélectionné pour produire ce rapport ne comptait personne qui ait travaillé ou eu accès à un SCS/CPS. Nous pourrions aussi parler de comment il fut fortement suggéré au comité d’ignorer la validité de la réduction des méfaits ainsi que de “toute autre problématique sociale comme le logement et l’itinérance.” Ou comment, alors même que ce comité construisait un dossier prônant la fermeture d’ARCHES pour mauvaise gestion, ses membres ont été accusés de dépenses somptueuses manquant à l’éthique. Nous pourrions certes parler de tous ces faits, et bien d’autres encore. Mais le rapport a maintenant un an, et bien peu de ces informations ont encore une importance.
Le problème des données erronées, c’est qu’elles persistent, favorites de ceux motivés par un agenda peu soucieux de la vérité ou de la transparence. On aime entendre ce que l’on veut entendre, et surtout lorsque paré d’une apparente légitimité, on ne sent aucun besoin de regarder plus loin. En ce qui concerne le Rapport SCS de l’Alberta, le but était de manufacturer de toute pièce un consentement au démantèlement des services en réduction des méfaits, et plus particulièrement, les SCS/CPS. Ainsi, même si nombre d’entre nous, préconisant la réduction des méfaits en Alberta, se retrouvent dans une position réactionnaire, dans l’attente constante de la prochaine grande coupure de notre premier ministre, Jason Kenney, il est bien important que nous ne perdions pas de vue l’ensemble. L’impact du rapport SCS, aussi biaisé qu’il puisse être, dépasse de loin la seule Alberta. En effet, ce rapport a fait son chemin aux États Unis, se trouvant cité par les détracteurs de la réduction des méfaits. Il est devenu une arme pour prévenir toute nouvelle ouverture de SCS/CPS.
Un an a passé, et le Rapport SCS de l’Alberta perdure, purule, grouillant dans les recoins de la mouvance Conservatrice. Aucune quantité de lettres ouvertes ou de critiques ne pourra empêcher qu’il soit utilisé comme un outil d’oppression dans le futur. Et ce malgré un manque total de crédibilité. Malgré que l’Alberta vive son plus haut taux de surdoses mortelles, un effarant 1128 morts en 2020, le gouvernement albertain pousse toujours d’avant ses plans. Seule l’imputabilité personnelle et la reconnaissance de leurs torts par les auteurs et créateurs pour leur travail laxiste, biaisé et intéressé permettra de diminuer l’impact des mauvaises données et de la mésinformation. Chaque fois qu’un politicien ou décideur cite ce rapport comme argument pour prévenir, restreindre ou démanteler un service fondé sur des données empiriques et vérifiables et permettant de sauver des vies, le comité Alberta SCS et le gouvernement albertain sont les coupables à blâmer. De jour en jour, leurs mains sesouillent de sang indélébile que même le temps ne pourra jamais laver.